Douceur italienne

 L'intérêt de faire du ménage dans sa cave est de tomber sur des boutanches oubliées. Comme ce Brachetto d'Acqui 2007 de Sant Evasio.  J'avais acheté ce flacon au dénicheur de pépites  Jean-Luc Klintz, au superbe salon de Groslay. Je me souviens des 3 premières quilles glougloutées rapidement avec des arômes de fruits rouges et des bulles vivifiantes. Mais là 5 ans après, j'étais un peu sceptique avant d'ouvrir ce Brachetto (c'est le nom du cépage..). Le nez est enthousiasmant sur des cassis très mûrs et un côté un peu beurré. En bouche, la bulle a quasiment disparu. Les arômes de cassis sont encore plus présents qu'au nez. Le premier verre se boit tout seul. Mais après l'ouverture, le vin gagne en densité, des notes plus complexes apparaissent (cuir, sous-bois..). En tout cas, c'est drôlement bon !!!

 

Kestabu à Noël??

 Petit résumé (un peu dans le désordre) des boutanches de cette fin d'année avec beaucoup de loire, des bordeaux qui donnent envie de boire du bordeaux et un liquoreux magique!

 

Début en fanfare avec ce Vouvray Moelleux 2002 de François Chidaine. Magnifique nez sur le miel, on s’attend à beaucoup de résiduels mais c'est surtout la vivacité qui impressionne. Des arômes de fruits blancs,de miel et une fin de bouche minérale. Superbe accord sur un foie gras.

Un Chidaine peut en cacher un autre: Montlouis les Tuffeaux 2005. Autre repas, autre accord avec un foie gras, autre gros plaisir. Des notes d'agrumes confits au nez. Une bouche vive sur les fruits blancs, les poires bien mûres. Encore une fin de bouche minérale qui laisse une impression de fraicheur et de netteté. Très beau !

 

La loire, toujours la Loire avec ces Bergères 2002 de Jo Pithon. Nez assez agréable sur les fleurs blanches. La bouche est ample, marquée par le gras et un côté fumé en fin de bouche. Un vin harmonieux qui apporte un plaisir indéniable.

 1er Bordeaux de cette fin d'année et 1ère belle surprise avec ce Canon Fronsac La Truffière 1998 du Château Cassagne Haut-Canon. La robe est sombre, le nez est flatteur avec des arômes de fruits rouges et d'épices. La bouche est soyeuse mais garde une certaine densité. On retrouve les fruits rouges, un coté terreux également. La fin de bouche est crayeuse ce qui apporte beaucoup de fraicheur. Un vrai plaisir avec ce vin qui a encore un joli potentiel !

On change totalement de registre avec ce Crozes-Hermitage les Machonnières 2003 de Charles et François Tardy. Le nez est gourmand sur les fruits noirs avec un petit côté suie qui rappelle le cépage. La bouche est dense, onctueuse, riche. Des fruits noirs compotés, des épices. C'est très beau mais ça manque toujours d'un poil de fraicheur pour moi.

Je ne sais pas pourquoi mais pour moi cette Cuvée Armand 2003 de Vincent Ricard était un moelleux. Et bien pas du tout. Nez très floral avec des notes miellées. Bouche ample avec des arômes de miel et d'écorces d'orange. Très beau !

"Quoi..c'est un muscadet ça??". Et ouais et à chaque fois ça fonctionne avec ce Haute-Tradition de Jo Landron. Ici on est sur le millésime 2002 et ça goûte vraiment bien. Nez citronné assez classique mais la bouche est marquée par le gras et les notes fumées. 12 ans et ça reste bluffant !

On poursuit dans les bordeaux 98 avec ce Saint-Emilion Château Grand Corbin Manuel. Et encore une belle surprise avec un vin très suave, onctueux et pas du tout en fin de course. Nez très plaisant sur les fruits noirs avec encore quelques effluves boisées. La bouche est franche et racée; on retrouve les fruits noirs mais également des épices. La fin de bouche est marquée par la fraîcheur. Beaucoup de plaisir.

Ai-je besoin de présenter cette bouteille ? c'est vrai que le Muscat de Beaumes de Venise du Domaine des Bernadins (ici en 2012) est une bouteille que l'on ouvre régulièrement. Moi, je suis toujours sous le charme de ces arômes de pêches et de fleurs d'oranger. En bouche, c'est un velours parfaitement équilibrée. Fruits blancs, quelques touches exotiques et c'est long, bref j'adore !

 On enchaine avec une belle soirée qui commence par des bulles avec ce Dosage Zéro de Lenoble. Le nez est peu expressif, quelques arômes de fruits blancs. La bouche est droite, un peu austère aux premiers abords, puis s'exprime avec beaucoup de finesse sur les fruits secs. Un champagne nerveux qui prend de l'ampleur à l'aération. Ensuite un Bordeaux (et ouais encore un), Un Château Falfas 2000, un des premiers coup de cœur du club il y a 12 ans. Le nez est chaleureux sur les épices et le cassis. La bouche est ample, équilibrée, sur les fruits rouges et les épices. C'est très gourmand. Une belle longueur rehaussée par des notes calcaires. Une très belle bouteille. Du coup , ça me donne envie de goûter la cuvée supérieure (Le Chevalier) dans le même millésime.  Rien de telle qu'une douceur pour glisser vers 25014, mais quelle douceur : un Sauternes 2000 de Rousset-Peyraguey, vieilli 72 mois en barriques. Un nez prometteur sur le miel, des notes exotiques et de botrytis. La bouche est volumineuse, riche, sur le miel, les épices. C'est gras, d'une longueur infinie et un équilibre parfait sans aucune lourdeur. Un instant magique !

Pour se remettre de ses agapes, on sort un languedoc le lendemain,  un Saint Chinian Le Vin de Maghani 2000 de Canet Valette. Nez très plaisant sur les fruits noirs compotés et des notes plus évoluées de cuir. En bouche, ça rigole pas, grosse puissance sur les fruits rouges et noirs très murs. Une impression de sucrosité s'installe. Le seul bémol vient de la fin de bouche un peu assèchante.

 

Quoi?une bière? Oui mais pas n'importe quelle bière! Cette Cantillon Grand Cru Bruocsella 2003 fait plutôt penser à un vin. Un Lambic qui est resté trois ans en fûts. Quasiment pas de bulles, le nez fait presque chardonnay. Difficile de mettre des termes sur les sensations en bouche. L'acidité est présente, des saveurs de fruits secs. C'est très long. Là pas de demie mesure, on adore ou on déteste, moi j'adore. Mariage parfait avec une potée aux choux.

Dernière boutanche de cette période faste et on termine bien avec ce Montlouis Les Choisilles 2001 de François Chidaine. Je me souviens très bien des premières bouteilles ouvertes sur ce millésime, il y a avait un côté un peu austère, un peu dur. Là le vin se révèle beaucoup plus suave. Le nez est sur le miel et les fruits blancs. En bouche, la sensation de gras est très présente, c'est long, ça tapisse le palais avec des notes de miel. La fin de bouche est plus crayeuse, plus minérale. Un très beau vin là encore.

Noël avant noël

 

Des potes, des bulles, des blagues (les miennes toujours très drôles..); à chaque fois que je reviens faire une dégust à Goutonsvoir Paname, je retrouve l'ambiance inimitable du club et je suis ému (si, si..) de voir perdurer cet état d'esprit 12 ans après nos premières soirées. Grosses pensées au bouffeur de caribou, au breton et à notre barbu préféré...

Bon on commence cette soirée Champagne par des......rouges ! 2 pépites à l'aveugle :Le Graves du Clos 19 Bis. Notre Sébounet m'avait déjà fait découvrir le Sauternes de Vincent Quirac (voir ici). Nez friand, bouche charnue sur les fruits rouges. Une belle astringence et une touche mentholée en fin de bouche. Un très beau Graves, très friand. On poursuit avec le Beaujolais Nouveau 2013 de P-H. Thillardon. Et là vous vous dîtes: "un nouveau derrière un Graves, ils sont maboules ces types". On remercie juste notre hôte qui s'est mélangé les pinceaux et a interverti les deux boutanches. Du coup, le nez parait un peu dur avec des notes animales qui incommodent les âmes sensibles (moi j'aime bien..). Par contre, la bouche est très friande avec des notes de fruits rouges et un côté calcaire un fin de bouche. On est surpris par le volume du vin, assez impressionnant pour un BN. En tout cas, gros plaisir !

Après, on s'attaque aux bulles de Champagnie...On commence par un vigneron que l'on commence à bien connaître : Francis Boulard, avec son Rosé extra-brut. Nez gourmand sur les fruits rouges, bouche vineuse là aussi marquée par les fruits rouges mais aussi des épices. Un très beau rosé de gastronomie. On poursuit par une bouteille habituée de nos dégustations : Jacquesson 737. Nez brioché, bouche vive sur les fruits secs. J'ai toujours adoré le coté "gourmand" de cette cuvée. On enchaine avec un vin plus ciselé : Tarlant Zéro, nez vif sur la pommes puis évoluant sur les agrumes. Bouche tranchante pleine de vivacité. On change vraiment de registre par rapport à 737. Il y a un coté plus droit, plus minéral. Du gras en fin de bouche et une belle longueur. Un très beau champagne plein de finesse.

Vin suivant à l'aveugle. Je sens le piège. Sensation de résiduel au nez, la bouche a, pour moi, peu d'intérêt, c'est pataud, ça manque de vivacité (surdosage) et c'est même désagréable un fin de bouche, ça fait penser à un mauvais mousseux. Et bien non , c'est un champagne, Canard-Duchêne brut authentic. Certains ont aimé, d'autres (dont moi) ont détesté. Heureusement qu'on a goûté ça à l'aveugle, sinon on aurait encore dit que j'avais trop de préjugés....

Allez on passe vite à la suite. 2ème Jacquesson de la soirée : le 2002. Nez brioché avec des notes de fruits secs. La bouche est ample, onctueuse, complexe mais garde une certaine fraicheur. On part sur les fruits secs puis des notes de tapisseries. Le bois est présent sans être gênant. Là, c'est unanimité totale, un grand , grand champagne alliant gourmandise et complexité. Sublime !

Encore une bouteille à l'aveugle à suivre. Encore un piège?? Visiblement non, le nez est gourmand, riche, des arômes de crème pâtissière et de fruits secs, c'est prometteur. Mais en bouche, c'est  l'affreuse déception : pas d'arômes, la bulle s'estompe très vite, c'est asséchant et même désagréable en fin de bouche (avis pas partagé par Seb). On vire le cache, et là horreur il s'agit d'une Jacquesson 1997 (achetée dans mon dos par ma dulcinée..). Là on s'interroge, comment expliquer une telle différence ? Vin à bout de souffle ? Pour moi la bouteille a clairement un défaut. En tout cas, grosse déception !

Allez on enchaine pour se remettre de ces émotions, un Grand Cru 1996 de Pierre Moncuit. Et bien ça part mal, des arômes de champignons (bouchon pour certains) et un nez très monolithique. Mais cette impression s'estompe vite des arômes assez vifs d 'agrumes arrivent. La bouche est dense avec du gras. Des arômes de fruits secs. De la vivacité et une belle longueur. On est sous le charme de ce 100% chardonnay !

Allez on termine les bulles sur L'Exquise de maître Selosse. La plupart du temps quand on attends avec impatience une bouteille, on est souvent déçu... Et bien là, pas du tout, quel bonheur ! Un nez de pâtisserie, une pointe d'exotisme, une touche de résiduels, c'est divin et ça donne envie de le mettre en bouche tout de suite. Les bulles sont fines presque évanescentes, on part sur des notes de brioches, de raisins. C'est vineux, onctueux, gras en fin de bouche avec une touche saline. Un champagne hors norme, alliant finesse, gourmandise et complexité.

Difficile de passer après un tel monstre. On enchaine sur un Maury Blanc de la Preceptorie de Centernach 2008. Le nez est assez discret avec des notes de tabac et d'alcool fort. La bouche est marquée par les arômes de miel, de fruits blancs et d'eau de vie. Un beau vin mais qui n'est pas aussi explosif que le maury rouge de la même maison. Allez une dernière,  pour la route, une surprise dénichée par Seb : Muscat du Cap Corse du domaine Giudicelli 2012 élevé en solera. Nez marqué par la noix mais surtout par l'alcool. la bouche est sur les mêmes arômes. ce n'est pas désagréable mais ça manque clairement de vivacité. Certains ont apprécié, moi je ne suis pas fan !